Intéressons-nous aujourd'hui au mot jugement. Il n'est pas anodin que je le prenne car je me rends compte que les gens jugent de plus en plus facilement avec les réseaux sociaux qui aggravent cet état de fait. On juge lorsqu'on ne connaît pas. On juge lorsqu'on a ouï dire. On juge par procuration. Enfin on juge lorsqu'on connaît. En fait on juge tout le temps mais le seul jugement qui mérite notre intérêt, est sans nul doute celui que NOUS NOUS faisons, seul, sans contrainte, avec nos propres référentiels et non des pièces rapportées de bric et de broc. Le jugement vient de judicare en latin composé de JUS (la loi, le bouillon!) et de dicere (dire). Nous voilà comme un cheveu dans la soupe ou le bouillon. La loi est à l'origine indo-européenne, un mélange, une sauce. Que mélange t'on? Ce que la coutume a décidé, ce que les usages permettent, ce que le respect induit. Les hommes de tout temps se sont pris la tête afin de savoir ce que pouvait être la loi la plus juste. Une seule règle pourtant prédomine mais est toujours difficile à faire comprendre: ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fit.
Nous devons de tout cela nous débrouiller afin de mettre le moins d'éléments parasites pour connaître la chose ou la personne et porter un jugement. Et la seule façon de procéder est d'aller à la rencontre. Connaître l'autre c'est obligatoirement rencontrer une partie de soi. Que cela est difficile! La voie, vraiment la voie est autre qu'une voie constante dit le Tao Tö King. Comme cela est vrai. Remarquez que nous disons "porter un jugement". C'est parfois bien lourd et très inutile pour ceux qui cherchent la lumière. Car toute charge, tout poids supplémentaire nous accroche un plus à la terre et nous maintient plus fermement au sol par la loi de la gravité. Le grave newtonien (c'est-à-dire la gravité) indique clairement ce que cela induit.
Peut-on établir un rapport humain par courrier, par mail, par réseau social? Non, mille fois non car il n'y a pas la rencontre des âmes, c'est-à-dire le regard, l'odeur, le toucher, la voix, le son. Nos cinq sens permettent de ressentir, de percevoir (percer et voir) au-delà de l'apparence ou bien d'ignorer ou de fuir. Nos cinq sens démêlent l'écheveau, filtre le gruau et enfin de compte, nous amène à la rencontre ou à s'en détourner. Car il faut accepter que la rencontre ne se traduise pas nécessairement par une amitié. Elle peut être aussi source de conflit, de tiraillements, de malaise car chaque personne apporte avec elle, toute son histoire et parfois, celles-ci ne cohabitent pas très bien. Il faut donc travailler sur soi puis, si le ciel le permet, se retrouver plus tard, et qui sait pour une vraie rencontre de coeur? Mais cela sous-entend que tout le monde travaille, car là est la faille. Je lis parfois des choses déroutantes mais en même temps, cela m'apprend à connaître l'autre. Vous ne pouvez pas savoir ce que quelques phrases ou un mot et une attitude peut nous apprendre.
Alors le jugement est bien un sacré bouillon de culture et à nous de le boire ou pas. Mais peu importe car personne ne peut juger autrui, et de plus, seulement à l'aune de ce qu'il connaît, donc pas grand chose.
Pour finir, Dieu juge t'il? Voilà une question qui pourra m'attirer les foudres, mais elle mérite d'être posée. Je suis bien convaincu que non car si nous sommes à son image nous devrions être parfaits. Mais justement cette imperfection qui nous caractérise, est celle de juger! Si vous réfléchissez bien, la passage de l'ancien testament avec sa loi du Talion, oeil pour oeil au nouveau testament , loi de l'amour s'est fait par le retrait de Dieu à juger! Je ne punirai plus, je n'interviendrai plus, je fais une alliance avec les hommes. Les ordalies ne sont que que foutaises humaines sans parler des tortures de l'inquisition. Si dieu donc ne juge pas, quelle est l'instance qui peut nous réguler dans nos actions? Et bien notre conscience. Celle-ci est notre gouvernail de bonne conduite. Mais encore faut-il l'éveiller. Cela est une autre histoire.
Bon vent
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