Dans le silence des arbres passent une Sylphe. Elle ondule et agite le feuillage. Celui-ci murmure dans un bruissement assourdissant: Pourquoi avons-nous dix doigts?
Je regarde mes mains et soudain je me dis que non, ce n’est pas vrai. Nous avons dix doigts de pieds mais à la main nous avons 9 doigts et un pouce opposé. Et là est toute la différence. Sans ce pouce qui permet la préhension (du latin préhension qui veut dire saisir sa proie) nous ne mangerions pas avec les mains mais avec la bouche et il y a fort à parier que dans l’évolution, nous serions restés à quatre pattes. Mais là n’est pas mon propos et des gens bien plus informés que moi sur le sujet, pourront en débattre. Non, moi ce qui m’arrête net c’est qu’une main est composée donc de 4 doigts et d’un pouce. Ce dernier nous vient du latin pollex qui lui-même dérive de polleo qui signifie puissance, pouvoir, renommée, richesse. Ah donc notre pouce a été à l’origine de notre renommée parmi les êtres peuplant cette terre. Le coup de pouce d’un grand horloger reste à prouver mais le notre est clairement établi. Sans ce pouce pas de renommée! Et quelle renommée non? Mais grâce à lui nous avons vaincu toutes les difficultés dans lesquelles nous étions.
Marx a souligné notre dénuement face à l’hostile nature. Pas de griffes, pas de cuir pour nous protéger, pas de talents de coureur pour fuir ou encore un odorat hors pair. Non rien de tout cela. Juste un singe nu avec un pouce opposable. Certes me direz-vous le singe aussi a le pouce opposable et pourtant il n’a pas évolué comme l’homme. Oui, mais le singe grimpe aux arbres, à une toison qui le protège, une force herculéenne, bref il n’est pas nu. Nous si. Et cette nudité, dans un monde complexe, doit être compensée par l’esprit. C’est en nous mettant dans ces conditions extrêmes, que l’évolution a fait de nous des êtres pensants. Grâce à notre pensée nous avons déjoué tous les pièges et asservi la terre entière. Notre peur ontologique et innée ne nous permet pas encore de lâcher cette quête terrible de tout contrôler. Mais un jour viendra, où l’homme pensant restera assis, pouces levés, se demandant maintes et maintes fois à quoi tout cela à servi? Et à ce moment une lumière brillera au fond de son nébuleux cerveau.
Alors il regardera ses autres doigts. L’étymologie est parlante; de digitus qui signifie montrer.
Nos quatre doigts nous montrent quelque chose. Mais en avons-nous conscience? Quatre doit? Car le doigt doit nous montrer. Il y a une notion de devoir omniprésente dans nos doigts. Aristote, un ami de longue date sauterait immédiatement sur l’occasion pour nous rappeler que tout est issu des quatre éléments. L’AIR, la TERRE, l’EAU et le FEU.
Chaque chose existante sur terre est un condensé des ces quatre éléments en des proportions à chaque fois différentes. Dieu est un alchimiste. Il est devant ses cornues et pélicans et transvase une quantité de Feu mélangé avec un peu d’air. Qu’est-ce que cela donne? Et bien tous les gaz qui brûlent.
Essayons en ajoutant un peu de terre et nous avons le soleil car dès qu’il y a de la terre il y a de la matière. Vous voyez le superlego que dieu a en sa possession? Et bien nos quatre doigts doivent nous montrer ces quatre briques élémentaires mais en nous. Car si nous nous nommons humain c’est pour la raison suivante : EUT MAIN.
L’auriculaire a la même racine que l’oreille. Oui certes c’est notre petit doigt qui nous l’a dit? Sur un linteau de l’abbaye de Vézelay on y voit un ange qui met son petit doigt dans l’oreille de Marie. Est-ce l’enfantement secret? Toujours est-il que le petit doigt sait des choses et doit nous les dire. En fait c’est notre intuition. Nous devons savoir l’écouter.
L’annulaire est un doigt terrible. « L’âne eut l’air ». Et cela ne vas pas en s’arrangeant. Il devient un doigt dont le seul but est de recevoir une alliance. Pas n’importe laquelle. Pas celle du mariage mais l’alliance avec l’esprit, avec l’arc-en-ciel car c’est le digne représentant de l’arche d’alliance. Et tant que nous ne comprenons pas cette alliance en nous, nous avons l’air de cet équidé avec ses grandes oreilles car nous sommes toujours au stade du petit doigt.
Le majeur, le grand, le plus grand. Il indique que nous sommes sur le chemin de la connaissance et que nous atteignons notre point, notre quête. C’est le doigt qui se connaît. C’est aussi un des mages car comprenez bien qu’il y eut quatre mages et que nous sommes tous en quête, comme eux. Nous cherchons cette lumière non à l’extérieur mais en nous.
Enfin l’index. Celui qui montre , qui juge mais aussi celui qui transmet la connaissance. Car maintenant que nous sommes arrivés au point culminant de notre majeur il faut qu’il se passe quelque chose. Et comme le plafond de la chapelle Sixtine, le grand horloger ordonne afin que règne l’harmonie en nous.
Quatre doigts qui content (comptent) notre évolution, du plus petit en passant par le plus grand pour finir par la communion. Respectivement du Feu, pour l’auriculaire, de l’air pour l’annulaire, de la terre pour le majeur et de l’eau pour l’index. Car l’eau est ce qui reçoit un nouvel être.
Et c’est ainsi que les Mudras tibétains prennent leur essence car grâce au pouce qui va les toucher, formé une boucle d’énergie, chaque doigt devient un travail et une nécessité sur le chemin de notre évolution.
Alors mes arbres, ne vous trompez plus. Nous n’avons pas 5 doigts mais quatre qui se manifestent quand le pouce les active.
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